De la Justice et des juridictions des ordres Militaires Krytiens

Pour compléter l’excellent travail documenté d’Ywain Hautelance sur le sujet du pouvoir Séraphin, et parce que la question m’a été régulièrement posée en jeu, voici une petite explication sommaire de ce qu'il n'est pas inutile de prendre en compte quand on aborde le point de vue de la légalité, en jeu ou ailleurs.

Pour commencer, je me fendrai de quelques explications un peu professorales. Navré d’avance pour ceux que cela rebutera, ces informations me semblent pertinentes afin de bien comprendre le rôle de chaque ordre et mieux comprendre l'évolution de la Justice depuis le Moyen Âge.

Pour ceux qu'un complément d'infos intéresse:

Dans la seconde partie, je donne MA VISION du découpage des juridictions des trois Ordres militaires krytiens, leur limite et leur fonctionnement possible en me basant sur des exemples actuels d'organismes similaires. Vous verrez que j'insiste lourdement sur le fait que cette seconde partie est une LIBRE EXTRAPOLATION, qui ne se prétend nullement parole d'évangile, mais propose a qui le souhaite et le juge pertinent une vision personnelle se voulant un minimum informée et cohérente (Mais juste un minimum).

Si j'insiste très lourdement sur le fait qu'il ne s'agit que de ma pauvre petite vision de joueur lambda, c'est parce que je n'ai pas spécialement envie d'hériter de la traditionnelle flopée de commentaires poliment méprisants qui accueillent, parfois, les tentatives de prise de position aussi fondées et délicates soient-elles.

Enfin, je me permet de signaler que ce que j'ai à exposer sur le sujet est entièrement contenu dans ce post, je m'offrirai donc le luxe de ne pas spécialement participer au débat éventuel qui pourrait découler. Par contre et comme toujours, pour ceux qui désirent m'apostropher sur un point ou l'autre, je serai sincèrement ravi de communiquer avec eux via MP ou mieux, en jeu (Silkinael) ou via skype (Silkinael également).

Bonne lecture.




1) Armée et police :

a) Leurs missions
Les missions de ces deux organes gouvernementaux sont complémentaires.
- L’armée s’opposant aux ennemis de l’extérieur
- La police prévenant les ennemis de l’intérieur
Parfois leurs missions interpénètrent. Ainsi nous avons une branche militaire de la police (Gendarmerie) et une branche policée de l’armée (Police Militaire).
Certaines agences gouvernementales (les américaines étant les plus connues), services secrets et de renseignement complètent le tableau en luttant contre les ennemis de l’extérieur qui sont à l’intérieur (les espions, traitres, terroristes…) ou contre les ennemis de l’intérieur qui sont à l’extérieur (Interpol, Europol etc…)
Il apparait vite que la limite de juridiction entre l’armée et la police est donc conditionnée par la limite entre intérieur et extérieur.

Mais de quoi ? D’un quartier ? D’une ville ? D’une commune ? D’un état ? D’un pays ?
C’est pour cela qu’à l’heure actuelle on peut avoir différentes polices avec des juridictions bien différentes et des moyens qui le sont tout autant.

La fameuse « Police-Nationales-papiers-s’il-vous-plait » se présente comme telle car elle a juridiction sur tout le pays, entre autre car elle gère le paysage autoroutier interurbain.  De la même façon les fédéraux, en Amérique, peuvent prendre le pas sur les polices locales, dès qu’un crime dépasse les limites géographiques de la juridiction de ces dernières. C’est ainsi également que les voitures d’une police locale ne peuvent continuer une poursuite sur l’état voisin.


b) Histoire d’une rupture
Très longtemps, le rôle de la police fut intégré sans distinction à celui de l’armée, entre autre car la justice de l’époque était répressive bien plus que préventive. A l’époque, le mot d’ordre était de « Surveiller et de punir ». Désormais, la police affichera plus volontiers « Protéger et servir ».  Cela s’inscrit dans une profonde évolution dans la façon de voir le système de la justice, de l’organiser, mais même d’envisager son but final.
Je vais lutter contre mon ardent désir d’exhaustivité, histoire de préserver la clarté et la concision (relative) de ce post. Je vous passe donc l’évolution sociétale, juridique, criminologique et les rapports entre l’évolution des types de gouvernement et les instruments de justice qu’ils mettent en place. Je vais me contenter de certaines observations factuelles.


c) La justice médiévale :
Elle est une justice de répression avant tout. Le contrevenant est arrêté, souvent jugé sommairement et la sentence, si elle est punitive pour le contrevenant, a une vertu éducative pour le peuple. Les punitions sont donc publiques.
Les jugements sont rapides et sommaires, souvent rendus par le pouvoir exécutif (la garde, l’armée, la police) car les codes de Loi sont simples. Ils jugent l’acte de façon équitable. Toute personne qui vole aura la main coupée. Qu’il vole de l’or par cupidité ou du pain pour nourrir sa famille affamée. Peu importent les circonstances, peu importe l’individu, le préjudice subi ou infligé, l’intention, la préméditation…. Cette vision de la justice stigmatise le contrevenant. Le gouvernement existant pour le bénéfice des gouvernants, contrevenir aux lois est un crime peu importe le pourquoi du comment.


d) La justice moderne :
Avec l’évolution des systèmes et types de gouvernements, l’on passe progressivement à une société où un gouvernement existe pour le bénéfice des gouvernés. Une société est donc responsable de sa population, y compris de ses malades, blessés, ou  des contrevenants que son système produit.

C’est de ce changement philosophique titanesque que viennent nombre de progrès sociaux. Sécurité sociale pour les individus malades, allocation de chômage pour les individus sans travail etc…
Et le système juridique lui-même est fortement modifié. Désormais on partira du principe que la société aura une part de responsabilité dans le crime de ses citoyens. Elle va donc tenter de prévenir l’apparition d’éléments contrevenants et va rééduquer ces derniers dans le but de les réinsérer (Avec les dérives autocratiques dénoncées par Orange Mécanique ou 1984). La capacité d’un système gouvernemental à réinsérer ses criminels dans sa population étant une preuve que ce système est bon.

Lors de chaque procès, on jugera désormais non seulement l’individu, mais le système qui l’a produit, les circonstances atténuantes n’étant en somme que la part de responsabilité qu’a le système dans le fait que cet individu précis ait, à ce moment précis, enfreint la Loi.

La société se sentant responsable, elle va aussi avoir tendance à cacher ses criminels hors de vue (prisons) et à rendre ses exécutions discrètes.




-----------------------------------Justice médiévale----------Justice moderne
Rôle des forces de l’ordre-----------Répression/surveillance-----Prévention/protection
Pouvoir juge--------------------------Pouvoir exécutif-------------Pouvoir judiciaire
Elle juge------------------------------Le crime--------------------Le criminel
Type de punition---------------------Publique--------------------Privée
But de la sentence sur le criminel---Punir-----------------------Rééduquer et réinsérer
But de la sentence pour la société--Exemple éducatif dissuasif---Protéger

e) Evolutions
De l’évolution de notre vision de la justice a découlé le besoin d’une structure policée qui se détache de l’armée. Pourquoi ? Frank Herbert, auteur de la célèbre série « Dune », l’a expliqué mieux que je ne saurais le faire, dans deux extraits de « L’empereur-dieu de Dune ».

« - Les Truitesses… une armée de femmes… Pourquoi n’y a-t-il aucun homme dans l’armée de Leto ?
(…)
- Il affirme que les armées exclusivement masculines étaient trop dangereuses pour leur support civil.
- C’est insensé ! Sans armée il n’y aurait même pas de…
- Je connais votre argument. Mais il dit que l’armée masculine n’était rien d’autre qu’une survivance de la fonction tampon dévolue aux mâles non reproducteurs de la horde préhistorique. Il dit aussi que dans cette optique, il est frappant de constater que c’était toujours les mâles les plus âgés qui envoyaient les jeunes au combat.
(…)
- En quoi est-ce dangereux pour les civiles ?
- D’après le Seigneur Leto, lorsqu’elle ne trouvait pas d’ennemi extérieur, l’armée de mâles se retournait toujours et invariablement contre ses propres populations »

« - Vos Truitesses ne constituent pas une armée mais une force de police.
- Par mon nom, je t’assure que ce n’est pas vrai ! La police est invariablement corrompue.
(…)
- Alors qu’est-ce que c’est que cette histoire de corruption et d’épreuve ?
- C’est toi qui m’accuse d’entretenir une force de police. La police observe toujours que les criminels prospèrent. Il faut qu’un policier soit véritablement borné pour ne pas constater qu’une position d’autorité est la plus prospère des positions criminelles que l’on puisse attendre.
Idaho humecta ses lèvres du bout de sa langue et regarda Leto d’un air de perplexité évidente
- Mais la moralité des… c’est-à-dire la justice… les lois pénales…
- A quoi bon avoir des lois et des prisons quand une infraction n’est pas péché ?
(…)
- Toutes ces histoires de peine de mort… cette flagellation publique et…
- Je fais tout mon possible pour me passer des lois et des prisons ordinaires.
- Il faut bien que vous ayez des prisons !
- Tu crois ? Les prisons ne sont bonnes qu’à entretenir l’illusion que la police et les juges servent à quelque chose. Une assurance professionnelle, pour ainsi dire. (…) Tu parles de prison, de police et de légalité. C’est l’illusion parfaite derrière laquelle une structure d’autorité peut opérer en toute prospérité tout en faisant remarquer, à juste raison, qu’elle est au-dessus de ses propres lois. »

Ces extraits expliquent un phénomène constaté et éprouvé. En temps de paix les soldats d’une armée se retournent invariablement contre leurs propres populations,  faisant payer de façon détournée, les risques qu’ils prennent pour la défendre. Sous prétexte qu’ils risquent leur vie, ils se donnent le droit de commettre une série d’exactions (Viols et pillages surtout), celles-là même, ironiquement, qu’ils ont empêché l’ennemi de commettre.


2) Les Ordres Militaires krytiens :

a) Les Séraphins:
A la fois armée et police, ce sont des généralistes dont la formation couvre autant le maintien de l’ordre que le combat de front. A priori, leur formation généraliste est réaliste dans un contexte de justice médiévale (comme expliqué ci-dessus). Certainement pas de justice moderne bien plus complexe et spécialisée, demandant une formation qui n’a rien de militaire mais tout de policier.

Leur juridiction couvre tout, à deux exceptions près.


b) La Garde du Ministère (GM) :
Dans ma façon de voir les choses, la GM tient du mélange entre une milice privée, une agence de gardes du corps et une agence de vigies de sécurité.

Ils escortent les ministres dans leurs déplacements, protègent leurs lieux de vie et de travail. Ils ont pour cela le droit de porter armes de guerres et armures lourdes (ce qui serait logiquement interdit à la grosse majorité du peuple dans une grande ville) et peuvent demander à s’assurer qu’un lieu devant recevoir un ministre ne comporte pas de menace (fouille préalable des lieux et des occupants).

Outre ça, à mon sens rien de plus que le citoyen lambda. On attend bien entendu d’eux qu’ils aident au maintien de l’ordre et, s’ils sont témoins d’un crime, on ne leur reprochera certainement pas d’intervenir pour appréhender le coupable en l’absence de Séraphins, pour peu qu’ils mènent ledit coupable au poste Séraphin et fassent une déposition comme témoin.
Il est vraisemblable que leur parole aura un poids plus élevé que celui d’un citoyen lambda, mais ils n’ont aucune juridiction civile ou criminelle, ni même droit de basse justice, d’infliger des amendes ou d’emprisonner quiconque.

Leur rôle me semble vraiment se cantonner à la protection des ministres et des lieux que ces derniers fréquentent.


c) La Lame Brillante (LB) :
A mon sens de nouveau, la Lame brillante aura trois types d’agents différents.
- La garde Royale : Qui n’est rien d’autre que la Garde du Ministère mais pour la Reine et sa cour.

- Des spécialistes/consultants : Des experts dans certains domaines pointus qui sortent du cadre de la formation militaire des Séraphins et recouvrirait un peu plus le rôle d’une police : Médecine légale, criminologie, sciences forensiques, profilage, experts en explosifs/déminage, experts en drogues et narcoleptiques, pisteurs, interrogateurs/bourreaux, agents de liaison etc… qui peuvent collaborer avec les Séraphins ou la GM et être mis à leur disposition s’ils en font la demande. L’intervention de ces spécialistes ne donne aucune juridiction à la Lame brillante, ils sont uniquement mis à disposition en tant que conseillers et sont alors subordonnés à l’Ordre ayant juridiction sur l’affaire.

- Des agents secrets/de renseignement : Les James Bond de l’histoire. Qu’ils agissent ponctuellement ou qu’ils soient infiltrés à titre permanent dans une organisation criminelle, une maison noble ou une guilde quelconque… ou bien encore qu’il s’agisse d’officiers du renseignement gèrant de multiples indics et sources d’informations, des experts en cryptographie etc etc…
La Lame Brillante, à mon sens, c’est un mélange entre la CIA (Renseignements civil), le FBI (Police fédérale), la NSA (Défense nationale) et la DIA (Renseignement militaire).

Leur juridiction commence dès que l’on parle de crimes de Haute Trahison ou touchant à la sécurité de la reine ou de la nation. Leurs moyens sont virtuellement illimités et il est plus ou moins notoire qu’ils ne respectent pas les Lois qu’ils font respecter, puisqu’ici, la fin justifie les moyens.

Cependant ils doivent toujours justifier leur juridiction sur certaines affaires autrement dévolues aux Séraphins, sous peine d’aggraver les tensions entre les deux ordres. (Films et séries s’étendent assez sur le plaisir très relatif qu’a la police locale à voir débarquer des fédéraux sur leurs affaires pour que je m’étende sur le sujet)

Bien sûr, des action trop ouvertement illégales desserviraient l’image de Sa Majesté et sont donc tout autant une menace à la pérennité de son règne que le seraient des terroristes. La loyauté des membres de la LB est constamment surveillée et mise à l’épreuve et un grand nombre des agents de cet Ordre n’en connaissent qu’une poignée d’autres sans avoir la moindre idée de l’identité de la majorité de leurs collègues.