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Quelques instants de Mijika

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Message par Mijika Jeu 22 Juin 2017 - 0:15

Ici suivront plusieurs petits passages de la vie de Mijika de son enfance à la légende, ayant pour but de mettre en avant l'évolution de son caractère. La chronologie est respectée mais entre chaque texte il peut s'écouler plusieurs mois comme plusieurs années.

Le premier devoir

Une douce lueur orangée d'un feu crépitant se propageait avec timidité sur des planches brunes, estompant un peu plus la diffusion lumineuse qui plongeait un pavillon norn dans une chaleureuse pénombre.
Devant le flamboiement se tenait une norne à la peau sombre coiffée d'une tête de loup, premières rides et peintures cohabitaient sur un visage paisible. Deux grands yeux gris bleus injectés de sang fixaient la danse des flammes, une petite fumée grise et épaisse s'échappaient des lèvres en un nuage à l'odeur forte.
La tenue qu'elle portait était couverte de peaux de loup reposant sur un cuir travaillé, laissant quelques parties de son corps à nue et arborait des parures mystiques. Il y avait peu de place au doute quant à son statut de chamane.
Elle tirait sur une grande pipe dans le calme, perdue dans ses pensées jusqu'à ce que la porte du pavillon s'ouvrit avec fracas, laissant s'engouffrer un air frais qui la fit légèrement frissonner.

Au milieu de la porte grande ouverte se tenait une enfant norne aux rondeurs juvéniles, elle devait avoir huit ans tout au plus et semblait terriblement petite au milieu de la large entrée à la dimension de son peuple.
Sa peau était aussi sombre que celle de la chamane, sa chevelure coiffée à la garçonne était si blanche qu'on peinait à distinguer les flocons de neige nichés dans ses cheveux.
La frimousse d'ébène affichait une moue contrariée, les petites joues arrondies et un regard en amande bleu glace légèrement plissé qui fixait la chamane.
Elle portait une sorte de salopette qui lui laissait les bras nus pour exposer surement avec fierté une jolie marque blanche sur son épaule gauche, son premier tatouage. Les symboles blancs qui contrastaient avec sa peau étaient relativement discret et modeste mais n'avaient rien d'abstrait.
Le regard légèrement trouble de la chamane se posa sur l'enfant bougonne et se mit à lui parler d'une voix calme et lente.

« Mijika, mon louveteau, la porte n'est pas seulement du bois. Elle est aussi l'entrée de notre tanière, là où le calme doit régner. Ta soeur a le sommeil si léger.
— Je l'ai pas fait exprès, d'abord ! s'exclama l'enfant qui semblait se renfrogner d'avantage. J'ai beaucoup d'force, je suis déjà une grande guerrière !
— Il faut savoir la contrôler, jeune guerrière. Ne t'ai-je pas assez répété la signification de ce tatouage ? la chamane leva lentement sa main libre et pointa le tatouage de l'enfant.
— Si ! Mais j'suis énervée, d'abord ! l'enfant frappa du pied et rajouta, c'est pas ma faute !
— Approche, je ne connais que trop bien ce visage, viens me dire ce qui t'a contrarié. En espérant que tu ne me parles pas de cette idée farfelue de rocher, je t'ai déjà dit que c'était normal à ton âge de ne pas pouvoir le soulever.
— Ah non, si j'arrive pas à le soulever c'est parce que la neige fait glisser mes doigts, j'peux très bien le faire. En plus il parait que Lÿnda elle y est déjà arrivée. Alors bon, voilà. Et j'ai pas envie de dire pourquoi je suis en colère, d'abord. »

La petite Mijika avança tout de même vers sa mère qui déposa sa pipe pour ne pas enfumer l'enfant. Comme à chaque fois qu'elle était contrariée, l'enfant nichait son visage sur la cuisse de sa génitrice, toujours couverte d'une peau de loup dont la caresse adoucirait les norns les plus rustres.
Elle releva la tête et exposa sa bouille contrariée.

« Je suis en colère contre moi, maugréa l'enfant, je suis faible.
— Tu sais, si c'est cette histoire de rocher, tu apprendras que certains pour étoffer leur légende en rajouteront ou embelliront les faits. Lÿnda n'a peut-être même pas fait bouger ce rocher tu sais. Elle a ton âge et n'est pas forcément plus costaud que toi.
— Non, c'est pas ça...  Des fois, je pleure... Mais c'est pas pour moi que je pleure et les grandes guerrières elles ne pleurent pas, d'abord.
La moue contrariée de l'enfant s'estompa peu à peu, laissant place à une petite mine attristée. Ses petits doigts se mirent à caresser machinalement la peau de loup.
— Ce n'est pas pour toi que tu pleures ? Mais alors, pour qui pleures-tu ?
— J'sais pas, répondit l'enfant en haussant les épaules, les choses tristes... Je cache beaucoup mes envies de pleurer, je dois être très faible maman. Et je veux pas être faible, soigne moi avec tes popos.
— Il y a pas de potions pour tous les maux et il y a encore moins de mal à être sensible comme tu l'es mon petit louveteau. »

La mère la souleva pour la prendre dans ses bras en expirant lourdement, la chair de sa chair gagnant très rapidement en taille et en poids. Elle l'amena avec elle devant un petit berceau tapissé de peaux d'ours couvrant le corps d'un nourrisson à la peau d'ébène lui aussi, qui dormait comme un bien heureux. Déposant ses lèvres sur la joue ronde de son enfant, elle lui murmura.
« Ton premier tatouage, symbolise ton rôle dans cette famille. Tu es l'ainée, mon premier enfant. Ce fragile nourrisson, ta soeur, Meelina. Elle va grandir en t'ayant pour modèle. Tu seras son exemple, son repaire.
Tu n'aurais pas ce tatouage si tu étais faible et tes envies de pleurer n'ont rien à voir avec la force qui réside en toi. Les larmes coulent des yeux de toutes les légendes. Ce n'est pas une honte.
Tu dois garder en tête que désormais, deux petits yeux se poseront sur toi et comment réagiraient-ils si tu t'en voulais d'être toi même ? Hmm ? »

L'enfant ne fit qu'acquiescer avant de laisser sa joue molle et chaude reposer sur l'épaule de la chamane. Elle observa du coin de l'oeil sa soeur avec qui elle se projetait déjà dans un avenir où elle l'entrainerait. La vision qu'elle avait été plutôt floue et très édulcorée, ce n'était qu'une enfant.
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Message par Mijika Jeu 22 Juin 2017 - 0:16

Le déni

Au cœur de la forêt de Boréalis, l’herbe fraîche et verdoyante d’un début de solstice d’été caressait les pieds d’une jeune meute de norns. Tous en plein changement, abandonnant leurs traits d’enfants pour s’approcher de leurs corps rêvés, ceux d’adultes aguerris et musclés. Ils étaient quatre, deux garçons et deux filles. Des corps secs aux muscles naissants octroyés par un entrainement précoce, étiré par des membres qui se seraient allongés brutalement lors d’une poussée de croissances. Les jeunes mâles avaient un duvet naissant sur des visages boutonneux alors que les jeunes femelles ne cachaient pas leurs deux petites pommes qui soulevaient leur tunique. Ils devaient avoir entre douze et quatorze ans tout au plus. Tous armés, ils évoluaient avec concentration, l’échine courbée, les pas amortis pour ne pas faire de bruits, ces adolescents chassaient.

A leur tête, c’était l’une des filles. Elle avait la peau ambrée et de longs cheveux tressés d’un blanc immaculé attachés par des rubans aussi bleus que ses yeux. On pourrait reconnaitre la frimousse de la petite Mijika mais ses traits avaient changés. Son visage s’était allongé abandonnant définitivement ses rondeurs juvéniles qui lui donnaient des airs d’enfants terribles. Son petit nez épaté s’affina avec elle, contrairement à ses lèvres qui s’épaissirent lui offrant une grande bouche pulpeuse un peu trop généreuse pour sa bouille transitoire. Elle était une belle truffe, mais ingrate comme beaucoup à cet âge.

Tout à coup, la meneuse d’ébène leva brutalement la main, signalant aux autres que quelque chose n’allait pas. Elle pencha légèrement la tête en arrière et agita ses narines en des reniflements incessants. Ce n’était définitivement pas l’odeur d’un élan qui parvenait à son flair de louve, mais bien quelque chose de désagréable, elle tira alors de son fourreau qu’elle portait de travers en son dos, une épée bâtarde d’adulte qu’elle maintenait à deux mains. Les trois autres membres du groupe firent de même, observant les alentours.

Les remous de l’eau vive s’entendaient d’où ils étaient, non loin de la rivière. Un sifflement reptilien se fit entendre à travers les buissons. Ils se tournèrent tous en direction du bruit, en posture de combat. Même si techniquement ils avaient l’air au point, ils trahissaient une certaine excitation ou appréhension, le manque d’expérience mêlé à la joie d’en découdre. L’un des garçons s’approcha du buisson trop impatient ou bien orgueilleux, sous le regard inquiet de Mijika qui ne put avoir le temps de l’avertir que celui-ci se fit surprendre par une grande gueule pleine de dents aiguisées.

Une matriarche drake, écailleuse et imposante, pris l’initiative sortant sa tête du buisson pour fermer sa redoutable gueule de prédatrice à sang froid sur le bras du jeune norn. Celui-ci hurla de douleur, déclenchant une réaction immédiate du reste de la meute qui chargea la créature en poussant des cris combattifs ! La créature relâcha sa prise pour prendre une posture défensive, bien décidée à chasser la potentielle menace pour son nid. Agile, la bête esquivait ou laissait les lames glisser sur son corps visqueux, se défendant par des détentes agressives pour mordre les adolescents. Mijika haussa le ton et proposa une attaque coordonnée, il aura fallu d’une seule tentative pour que l’épée bâtarde tenue par Mijika acheva la bête transpercée par les lames de ses amis. Elle s’y pris à deux reprise pour décapiter la bestiole désireuse d’emporter la tête en trophée.

Le combat était terminé, l'adrénaline chutait lentement et les esprits se calmaient. Mais pas les cris de douleurs du mordu qui constatait avec horreur son bras décharné.
Une morsure violente qui arracha le muscle laissant entrevoir l'os de son avant bras. La jeune meneuse fut brutalement gênée, non pas par le spectacle sanguinolent mais bien par l'expression de la douleur de son camarade.

La jeune louve d'ébène sentit son coeur se serrer, ses viscères lui donnèrent le sentiment de se retourner brutalement. Elle était triste, mal, terriblement mal. Et elle ne savait pas comment l'exprimer ce flot de sensations désagréables mais elle ne pouvait définitivement pas le prendre dans ses bras et le consoler. Non, cela n'était pas digne d'une grande guerrière, c'était une fillette, pleurer pour un petit bobo... C'était une déception, non ! Une honte !
Ainsi se persuada Mijika qui refusait d'écouter son empathie, l'étouffant derrière des idées reçues et son rêve d'être la plus impitoyable des guerrières. Mais elle devait tout de même faire cesser ses cris qui lui arrachaient le coeur.
Elle s'avança avec une mine renfrognée vers son camarade blessé. Elle le prit par le col et le secoua brutalement.

« Tu vas arrêter de chialer comme une lopette, t'es un norn, alors prends sur toi ! Arrête ! Arrête de chialer bordel ! »

Mais rien y faisait, la douleur était trop vive pour ce jeune norn qui continuait de faire vibrer ses cordes vocales pour extérioriser la douleur qu'il supportait.
Serrant les dents et le poing, Mijika d'un élan compulsif se mit à cogner le blessé, lui assenant plusieurs coups violents au visage en lui hurlant « Tais toi ! Tais toi ! Tais toi ! » sous les regards médusés des deux autres qui intervinrent trop tard.

Le blessé était assommé, dans les vapes après avoir subi la colère de Mijika. Elle se détacha de l'étreinte de ses deux camarades en leur grognant l'ordre de la lâcher. Sans dire mot, le visage crispé par la contrariété la norn à la peau d'ambre se précipita pour prendre le blessé sur son dos et le ramener au plus vite là où il pouvait être soigné.
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Message par Mijika Jeu 22 Juin 2017 - 0:16

L'échec

Elle était recroquevillée dans la neige, ses longs cheveux blancs se confondaient avec le sol immaculé. Ses bras se croisaient sous sa poitrine, nerveusement contractés sur ses cotes, comme pour atténuer une douleur lancinante.
Le tête d'ambre aux divers tatouages blancs de Mijika était déformé par une grimace, dents serrées, l'air brulant de son souffle irrégulier sifflait entre celles ci.
Une troisième couleur semblait maquiller la louve d'ébène, rouge, vif, le sang abondait de ses narines et d'une de ses arcades, ouverte.
D'un oeil a moitié fermé par les gonflements de son visage battu, elle fixait une norne.

Celle-ci se tenait debout, droite et fière, la tête haute, les iris azurés dirigés vers le corps à terre le dardant d'un mépris sans égal.
Grande et musclée, chaque partie de son corps était sèche, parfaitement dessinée par des muscles féminins durement travaillés. Comme sculptée dans la roche d'une main de maître, elle ne montrait aucuns défauts.
Si elle venait de se battre, elle n'en montrait pas de signes distincts. Indemne, à peine haletante, elle tira ses cheveux neigeux pour en faire une queue de cheval plus propre.
En basculant la tête en arrière, elle offrit un angle idéal pour admirer son visage, frappé d'une grande beauté. Un nez fin et droit, comme si il n'avait jamais été brisé, des lèvres pulpeuses et brillantes ignorant les morsures du froid, des yeux en amande d'un bleu rappelant la glace la plus froide... Une peau brune tatouée de symboles blancs... On la confondrait avec Mijika, si elle n'était pas plus grande et mieux bâtie.

Une quinte de toux impossible à réprimer fit craquer la louve d'ébène qui hurla de douleur en tressautant dans la neige.
L'autre norne s'approcha et se pencha au dessus de la blessée pour lui dire:

« J'ai du te casser quelques os, tu m'en vois navrée. La petite jouait un peu plus loin, je lui ai fait chercher notre mère. Elle saura te rafistoler, grande soeur.
— Mee... Meeli... Meelina ! souffla péniblement une Mijika terrassée.
— Il n'y a pas de Meelina, il n'y a plus de Meelina, ton rôle d'ainée s'arrête là. Tu n'as plus rien à m'apprendre, tu n'es plus capable de me faire saigner. Tu t'es dressée devant moi, tu as perdu, je n'ai pas à t'écouter. Tu es faible, je ne t'admire plus.
— Je... Je t'en supplie! coupée par la douleur elle se contenta de lever une main pour attraper la botte de sa jeune soeur.
— Arrête ça, tu es pitoyable. Je suis la louve étincelante personne ne m'arrive à la cheville surtout pas toi je sais ce que je fais ! Le Loup me regarde continuellement, je suis une élue. Je ferais ce que vous autres n'êtes pas capable de faire. »

Meelina repoussa la main d'un petit coup de pied et recula de quelque pas, jeta un dernier regard vers son ainée qu'elle venait de blesser, elle ne montrait rien qui puisse laisser croire à un éventuel regret. Totalement stoïque, elle regardait les larmes couler sur le visage de sa soeur amochée. Elle soupira puis fit volte-face.

Mijika brava son état pour crier en direction de sa soeur, d'une voix malmenée par la douleur, le désespoir et la frustration.

« Tu es exceptionnelle mais le Loup n'y est pour rien... si... Si tu méprises les tiens, ton propre sang ! Tu ne peux accomplir certaines choses seule ! Raisonne toi ! Ecoute moi ! Je fais tout ça pour ton bien... Parce que je t'aime ! »

Les yeux de l'ainée roulèrent sous ses paupières, laissant sa tête frapper la neige. Pour son corps il en était trop, elle sombra dans l'inconscient.

De longues minutes plus tard, une norne mature aux cheveux tressés d'un gris anthracite s'avançait lentement vers le corps inanimé. Elle tenait dans ses bras un petit bout de chou à la peau d'ébène également, une petite norne joufflue d'à peine cinq années, coiffée d'une plume de corbeau. Celle ci pointa son petit doigt boudiné vers la louve d'ébène et questionna d'un ton innocent.
« Mijiji a bobo ? Maman, tu vas soigner Mijiji ? Où est Meelili ? »
La chamane, Eejina, secoua mollement la tête, le regard embué de larmes, elle étreignit l'enfant contre elle.
« Louve d'ébène vient de s'infliger le plus grand des maux et la mère Louve pleure une enfant, car l'entêtement de son aînée aura duré trop longtemps.
Vingt huit hivers à s'ignorer et se mentir... Meelina a fait son choix tout comme tu as fait le tien il y a si longtemps Mijika.
Je ne peux contrarier le destin, j'implorerai les Esprits de te guider vers l'heureux chemin. Puissent-ils, le faire. »

L'enfant dans les bras observait sa mère, elle ne comprit pas un seul mot des paroles de la chamane mais elle sentit sa génitrice peinée, elle colla sa petite joue ronde sur son buste et se tut.
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Message par Mijika Jeu 22 Juin 2017 - 0:17

Flammes bleues

Deux petites années s'écoulèrent après que Mijika fut battue par sa soeur cadette. L'ainée se retrouve au coeur des Cimefroides dans une clairière neigeuse d'un plateau des congères face à celui qui fut un bon ami Erik, voir même un amant.

« On dit que j'ai le feu au cul, et c'est vrai. Ce que l'on ignore souvent c'est qu'en moi il existe deux brasiers. » Confia une louve d'ébène sûre d'elle, le regard habité d'un éclat magique bleuté, rappelant une danse de flammes contenue dans ses pupilles fixes et déterminées.

« Qu'importe ce que tu as pu être, qu'importe ce que tu peux devenir. Nous vivons dans l'instant présent et face à moi se tient ce que je condamne. Notre amitié, notre amour, appelle cela comme tu veux, cette affinité que nous avons partagé ne te protégera pas. » Poursuivit Mijika sur un ton tranchant.
Elle se tenait droite, le menton relevé, portant avec fierté une armure de bonne facture aux teintes dorées. Elle était une femme dans la force de l'âge désormais, une norne accomplie qui n'avait pas honte de cacher son corps musclé, marqué et tatoué.
De son allure dégageait quelque chose de nouveau, d'unique, une confiance extrême qui se manifestait en une aura intense à en troubler l'air autour de son corps.

« Si tu crois que ma lame sera retenue par les regrets, tu ignores la blessure de mon âme que j'ai infligé toute mon existence. Il n'y a rien de plus dévastateur que tromper son esprit par ambition, se perdre dans une vocation qui s'oppose aux aspirations de notre coeur. » La norne au langage fleuri et l'intelligence peu estimée ne butait sur aucuns mots, son discours était fluide, sans accrocs.

« Ta mort ne se cumulera pas au poids de mes regrets, de mon fardeau. Elle sera un soulagement, une libération. Ma petite rédemption. Tes actes et ce que tu représentes pèsent beaucoup plus que les sentiments que nous avons partagé. Je vais rétablir mon équilibre, MA justice. M'accorder avec le chant de mon âme, être en harmonie. »
La magie qui émanait du corps de la louve d'ébène léchait sa silhouette, des dépressions faisaient tourbillonner la flux azuré qui se propageait jusqu'au fil de la lame de l'arme qu'elle tenait.

Face à elle se tenait un norn à la carrure imposante dont l'allure forçait le respect, loin de se montrer déstabilisé par les paroles de Mijika, gardant une tension musculaire digne d'un combattant averti prêt à croiser le fer.
Il tenait en ses mains le manche d'un immense marteau de guerre, dont la tête magnifiquement sculptée se trouvait maculée de sang séché.

« Chaque soir je pleure une soeur que je n'ai pu guider car moi même je n'ai pas su m'écouter. Chaque fois que je pourfendrai un être comme toi, je sècherai une larme qui nourrit le fleuve de mes remords. Donne le meilleur de toi même Erik, je t'avais averti, tu ne m'as pas écouté. Tu as trompé ma confiance et tu vas en assumer les conséquences. Car rien ni personne ne brisera ma volonté. » Ainsi conclut Mijika avant d'engager le combat, celle qui vit encore aujourd'hui, ne laissant pas de doutes quant à l'issue de ce combat.

Certaines croyances parlent de réincarnation, d'autres de destinée ou encore de fatalité. Pour Mijika il y avait dorénavant l'importance de la sincérité. Son enfance rêveuse et ces ambitions capricieuses l'avaient mené à une existence stéréotypée qui ne lui était pas destinée.
Feindre pour rentrer dans le moule, triompher comme les autres, comme si chaque héros, chaque légende se ressemblaient.

A admirer son prochain et s'en inspirer on en oublie ce que l'on est. Un petit mal norn en soi. Que Mijika aura mis presque trente années à réaliser.
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Message par Mijika Jeu 22 Juin 2017 - 0:18

Fanatisme.

/!\ Cet évènement s'est déroulé il y a quelques temps désormais. Je synthétise grossièrement ce qui a été échangé entre Mijika et le personnage de Zyl. La discussion aura été beaucoup plus longues mais je n'ai pas une mémoire d'éléphant ! Alors j'abrège et je ne mets en évidence que le fond et non la forme. Mais ce texte ne fait pas honneur à ce moment rp qui fut ! /!\

Cet évènement se déroula quelques mois avant l'offensive du Pacte dans la jungle maguumienne, pendant la campagne dans les Contrées d'argents. Divers combattants tyriens avaient rejoint le front pour renforcer les forces du Pacte, on les nommait "volontaires".
Parmi eux, un groupe très hétéroclite que menait un sylvari du nom de Cappaeriel, ces derniers se concentrèrent sur une affaire de guet-apens qui coûta la vie d'un groupe de reconnaissance.
Leurs actions les conduisirent sur la piste de fanatiques nommés "Sarment Rompu", la dominante plutôt directe et sans retenue des approches tactiques de ces volontaires ne firent que peu de place aux interrogatoires. Mais le groupe parvint à mettre la main sur un jeune humain qui était directement lié à la mort des agents du Pacte.
Pour Mijika qui faisait partie de la bande du sylvari guerrier, le destin de ce jeune homme était scellé, elle laissa le Pacte obtenir les informations qu'ils souhaitaient et puis insista pour exécuter l'adolescent responsable et fier de l'embuscade sanglante sur le Pacte.
La norne gardienne armée de son épée Minsjäl et le jeune assassin détaché s'éloignèrent alors pour accomplir le jugement de la louve d'ébène.


La louve d'ébène transpirait à grosses goûtes malgré son acclimatation et les quelques gadjets que ses compagnons de meute lui avaient façonné pour faire tomber sa température corporelle.
Un soleil de plomb immense et rond dans un ciel sans nuages reflétait ses rayons sur l'armure rutilante de Mijika, ce qui aveuglait le condamné quand il portait son regard sur son bourreau.
Le jeune humain n'avait pas encore atteint la majorité, il était malgré tout grand et bien battit, seule son duvet roux dispersé sur son visage encadrés d'une chevelure mi-longues flamboyantes nous rappelaient qu'il n'était encore qu'un enfant. Il était conscient de son sort, il ne tremblait pourtant pas, ni défiant, ni replié sur lui même il marchait devant la norne qui ne semblait pas lui porter un regard haineux. D'ailleurs elle brisa le silence qui s'installa depuis le départ, c'était son envie, discuter avec lui.

« Tu sais que c'est du gâchis, p'tiot ? Tu crois que ça m'enchante d'affronter des puceaux mignonnets ? la norne secoua mollement la tête en poussant un bref soupir.

— Vous êtes le gâchis, vous faites du mal à la Nature. Nous n'agissons que pour soulager les fondements de notre existence. Le vert qui nous oxygène, l'eau qui nous hydrate. Ce que vous avez courroucé et que vous affrontez sans vous poser de question ! répondit le jeune homme avec conviction avant de rajouter avec moins d'assurance. Et je ne suis pas puceau.

— Parle moi de la Nature, je suis une norne, couillon. De toute évidence tu crois en ce que tu dis, maintenant est-ce qu'elles sont de toi ces paroles ou bien celle d'un autre ? Tu es jeune, beau et vigoureux... Pour un humain. Gamin, on admire et on écoute plus qu'on ne pense pour soi.

— Que savez-vous de Melandru ?! Vous êtes peut-être une norne. Vous restez une sauvage. Vous piétinez avec vos énormes pieds les trésors de ce monde, les fleurs, les insectes. Je crois en ce que je dis, oui ! J'agis pour le bien de ce monde. Sirris est fier de moi, la Déesse aussi.

— Sirris ? Qui c'est celui là ?

— Sirris est un être merveilleux, plus proche que quiconque de la Déesse, de la Nature. le regard du jeune homme s'illumina, envahit par des émotions vives et positives. Il était ému.

— C'est le gros con qui t'a mis toute cette merde dans la tête, c'est ça ?

— Sirris est un père, un guide, un prophète. Sirris est ce qui m'est arrivé de mieux dans ma vie. Il m'a apporté la sagesse, il m'a illuminé et m'a offert une famille, des liens. Je vous interdis de parler de lui de la sorte.

— Une personne formidable, qui te met dans le crâne SES idées extrêmes pour que tu agisses à sa place. Aujourd'hui c'est toi qui va perdre la tête, car c'est TOI qui a tué des frères et soeurs au nom d'une idée qui n'a pas germé de ta tronche. C'est pas un peu... Euh... Pa...ra...do...xal ? Un chef de meute mène, maintient une cohésion sur le groupe, mais il ne pense pas pour les autres. C'est la force des différences, les compromis des divers caractères pour trouver une unité efficace pour triompher face à l'adversité, l'esprit de meute. »

Le jeune homme échangea longuement avec la norne jusqu'à ce qu'ils trouvent un coin calme au bord d'un étang. La norne enfonça avec force sa lame lumineuse dans le sol meuble et riche du bord de l'eau pour poursuivre l'échange. Elle fixait le fanatique avec un regard compatissant. Il n'était qu'un pauvre bougre élevé par un tordu manipulateur, selon elle.
Elle ne pouvait pas l'épargner, car elle en jugea autrement.
Il était irrécupérable, l'emprise de son gourou s'établit beaucoup trop tôt dans la vie de cet humain qui a connu la misère et la solitude.
Il était impardonnable car il avait tué des braves de ce monde, des combattants qui se dressaient contre la destruction du Dragon. L'acte ne fut pas pour autant facile pour la louve d'ébène.
Mijika finit par récupérer sa lame et se préparer à terminer ce moment de plus en plus pesant. Elle lui demanda alors avec respect et douceur, sans rancune ni haine dans la voix.

« Comment t'appelles-tu ?

— Automne Roux. répondit sans frémir le rouquin qui vit sa fin approcher.

— Je te promets, Automne Roux, de te venger. De trancher la tête de l'ordure qui a fait de toi cette victime de ses désirs et de sa folie. Car tu es une victime, tu es été utilisé sans scrupule jusqu'à ce moment où tu as commis l'irréparable et tu vas payer de ces actes. Mais je ne tolèrerais pas d'autres Automne Roux. »

Le condamné fut déstabilisé l'espace d'un instant par le serment de la norne avant de se reprendre et se retrancher dans ses convictions. Persuadé que Sirris, son guide, son phare, ne pourrait être vaincu.
Il répondit à la norne quelques mots et ferma les yeux, son corps se raidit en s'arcboutant, se montrant prêt à accepter son destin.
Mijika alors s'exécuta et mit fin aux jours d'Automne roux en un seul coup, puissant et vigoureux l'honorant de sa force et de ses convictions. Lui épargnant souffrance et agonie.
Elle s'agenouilla quelques instants prêt du corps pour méditer.

« Mon zèle est-il si différent du fanatisme de ce garçonnet ? Comment combattre une idée, une croyance, ce n'est pas aussi simple que botter des culs ? »

Depuis ce jour, Mijika se mit à considérer autrement sa façon de combattre les Dragons Ancestraux et les idées de leurs suiveurs.


Quelques instants de Mijika 1484307051-6eddc5392b722d9e205c4f571e0646610d90b00fcc55887740-pimgpsh-fullsize-distr
Automne Roux, par Zyl
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